Le Prof de Brassens nous fait entrer dans la forge secrète où Brassens appris et cisela son art...

Deux ans avant ses actes de petite délinquance qui lui vaudront une condamnation (avec sursis) et sa mauvaise réputation sétoise, le jeune Georges fit une rencontre qui s’avérera déterminante, non seulement pour affronter cette épreuve, mais aussi pour aiguiser sa plume, qui surpassera celles de tous ces pairs : en classe de 3^e, alors qu’il déteste l’école depuis toujours, un jeune prof trentenaire, ex-champion de boxe universitaire, lui fait sentir l’importance - pour sa vie entière – des Villon, Baudelaire, Rimbaud, Verlaine, Mallarmé et autres Apollinaire.

« On était des brutes à quatorze, quinze ans, et l’on s’est mis à aimer les poètes. Il faut mesurer le renversement : grâce à ce prof, je me suis ouvert à quelque chose de grand. Beaucoup plus tard, à chaque fois que j’écrivais une chanson, je me posais la question : est-ce qu’elle plairait à Bonnafé ? »

Lancé sur les pistes qu’Alphonse Bonnafé lui avait ouvertes dans la jungle de la poésie, Brassens a pu surmonter l’opprobre, la claustration chez lui et le rejet de sa petite ville, suite à « l’affaire des bijoux ». Ce prof hors du commun restera une boussole pour cet adolescent qui, par ses lectures et ses travaux d'écriture, voguera sans sombrer sur une mer agitée, entre exil solitaire à Paris en pleine occupation, STO en Allemagne, évasion et retour clandestin à la capitale, confinement dans sa chambre chez la fameuse Jeanne… Jusqu’à son éclosion comme poète indéniable et unique.

Lors du couronnement qu’a représenté son entrée dans la prestigieuse collection « Poète d’aujourd’hui » de Seghers en 1963, c’est à son professeur de français Alphonse Bonnafé que Brassens commanda la préface qui fait la matière de ce spectacle.

Cette création se donnera au Hall de la chanson à la Villette, mais sera aussi jouée dans des collèges et lycées de la région parisienne (notamment : le collège François Villon - 14e, le collège Georges Brassens - 19e).